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Les Capucins : une ingénieuse reconversion #1

05/04/2021

Les Capucins : une ingénieuse reconversion #1

16 hectares au cœur de Brest rendus à la ville : l’ancien site de construction navale des Capucins s’est transformé en un étonnant éco-quartier disposé en terrasses, surplombant la rade et la Penfeld. Ré habilitation et reconversion des gigantesques Ateliers, construction de plus de 770 logements variés, mise en valeur des belvédères et des jardins, création d’équipements culturels, de commerces, de bureaux, co-working et participation des habitants, le tout relié par le téléphérique… La vie jaillit de ce nouveau quartier, résultat d’un vaste programme d’aménagement porté comme un triple défi à la fois architectural, patrimonial et humain.

1. Le projet : une folie bien étudiée

Il aura fallu une quinzaine d’années pour mener à bien ce projet : transformer les Capucins, ancien site de réparation navale et propriété de la Marine nationale, en un éco-quartier mixte et exemplaire. Mené par l’urbaniste Bruno Fortier avec la collaboration du cabinet brestois Atelier de l’Île, et réalisé par BMa, l’aménagement du projet tire parti des contraintes géographiques et structurelles du site pour mieux s’intégrer dans la ville. Aujourd’hui, les Capucins redessinent le visage de Brest et renouent les liens entre les deux rives de la Penfeld.

C’est grâce à un concours que l’idée a pris forme : trois architectes urbanistes ont été sollicités pour proposer leur vision d’une réhabilitation des Capucins. « C’était une démarche vraiment intéressante : les équipes retenues travaillaient pendant 6 à 8 mois avec les élus et l’aménageur pour réaliser une étude de définition », se souvient Bruno Fortier, urbaniste lauréat. Imaginer le quartier, les accès, les usages et les activités liées : chaque équipe a proposé sa propre interprétation. « Le concours s’est joué sur le programme : nous avons envisagé les Ateliers des Capucins comme une boîte à outils à réhabiliter pour ensuite accueillir des activités. » Pour Bruno Fortier, les points forts du projet tiennent dans cet édifice cathédrale de 19 mètres de haut et dans le dénivelé du site. « J’ai eu l’intuition de travailler par plateaux successifs : construire un quartier en cascades, avec des places publiques qui se succèdent jusqu’aux Ateliers, comme des gradins. »

Tirer parti des contraintes

Un site très pentu étalé sur 16 hectares, un patrimoine unique à préserver et valoriser, des liens à renouer avec le centre de Brest, une mixité sociale et fonctionnelle à organiser, un emplacement de choix à se réapproprier, une intégration paysagère avec les quartiers environnant à respecter, un projet phare voué à attirer les ménages au centre-ville : les attentes sont nombreuses pour réussir la greffe de ce nouveau quartier. « Nous avons tenu compte du recul du site, séparé du centre de Brest par la Penfeld, et des problèmes d’échelles : les tours de Queliverzan, les grands Ateliers 19 mètres plus bas, eux-mêmes suspendus 30 mètres au-dessus de l’eau… » Bruno Fortier travaille à préserver les Ateliers, « une merveille de bâtiments à arcades, en pierres et métal », à disposer le quartier en fonction de son environnement, « un bâtiment emblématique, trois ponts, la Penfeld, le quartier des marins », à optimiser les vues sur mer, « plus extraordinaires à mesure que l’on monte ». Pour ne pas rompre avec le tissu fragmenté du quartier, l’urbaniste choisit alors de « garder le côté hasardeux de la composition » avec des bâtiments de hauteurs différentes et une rue centrale élargie depuis le pont de l’Harteloire. La liaison entre les anciens quartiers et le nouveau est adoucie par des promenades successive en terrasses, passant par l’élément central : les Ateliers. « Nous avons construit un quartier contrasté, tout en maintenant une certaine sobriété financière et architecturale qui lui permet de rester attractif. »

Enjamber la Penfeld pour renouer avec la ville

Autre grand projet dans le projet, la construction d’un téléphérique urbain. Si le site est bien desservi en hauteur par le pont de l’Harteloire et le tramway 500 mètres plus haut, il fallait aussi ouvrir un accès plus direct depuis la rive gauche, de l’autre côté de la Penfeld. L’idée du téléphérique prend le pas sur d’autres options comme un pont transbordeur ou une passerelle levante. Moins onéreux, il permet de préserver la navigation sur la Penfeld, de ne pas impacter le site et le paysage et d’en renforcer son accessibilité pour tous. Ainsi, les Ateliers hébergent la station du téléphérique : après une traversée de 3 minutes à 72 mètres au-dessus de la Penfeld, les voyageurs entrent directement dans le bâtiment, surplombant la place centrale la Place des machines, grâce à une passerelle de bois et de béton. Avec ce premier téléphérique urbain de France, le quartier est totalement et naturellement connecté à la ville. Ainsi, ce site longtemps interdit aux civils et aux habitants devient l’objet de toutes les curiosités et de toutes les envies.