« Kerlinou est un site exceptionnel que nous avons souhaité préserver »

Aménager un site boisé et champêtre en quartier d’habitat, tout en respectant les atouts naturels et en optimisant la proximité de la mer ? Un défi relevé à Kerlinou (Brest) par BMa et l’agence ID’UP, représentée par Gwenn Le Goff, architecte et urbaniste. 

Quelle a été votre démarche pour imaginer le nouveau quartier de Kerlinou ?

Nous avons travaillé à partir du site, avec l’envie de préserver les éléments naturels. Ce qui demande beaucoup d’études complémentaires. Nous voulions tirer parti au mieux du site, mettre en valeur ses qualités : préserver les éléments identitaires comme les deux hameaux à l’ouest, les chemins creux, les haies bocagères au nord, les blockhaus et les tourelles datant de la Seconde Guerre Mondiale dans un but historique et pédagogique… Et bien sûr, nous avons préservé la vue et optimisé l’orientation.

Justement, comment avez-vous utilisé l’orientation et l’apport solaire ?

La pente orientée sud est favorable à la démarche bioclimatique. Nous avons donc travaillé avec un bureau d’études pour simuler les différentes possibilités d’apport solaire sur les maisons individuelles et les logements collectifs. Le but était d’optimiser les orientations des bâtiments, leur hauteur, la pente, les haies bocagères… La pente renforce par ailleurs l’ouverture sur la rade avec une très belle vue que nous avons préservée jusqu’en bas de la pente, et pour tous. 

Une vue sur la mer qui induit en retour une vue depuis la mer. Vous avez également veillé à l’intégration paysagère ?

Nous avons travaillé pour préserver les espaces et la perception depuis le rivage. Par exemple, nous avons placé les collectifs plutôt en bas de pente afin de mieux les intégrer sans gâcher la vue. De même, les couleurs et les matériaux préconisés sont étudiés pour s’intégrer dans le paysage : des teintes neutres et naturelles y compris pour les enduits, de la pierre, de l’ardoise, du bois, de la terre… Nous faisons aussi des recommandations de formes architecturales, de palettes végétales afin de construire un quartier cohérent aussi bien sur les espaces publics que les espaces privés. 

L’aménagement tient également compte de la trame verte existante. 

La conception d’une large coulée verte du nord au sud permet de rejoindre le Tram et le quartier de Saint-Pierre d’un côté, la Vallée de Sainte-Anne de l’autre. Cette coulée centrale sur la ligne de crête relie la ville à la plage et structure le quartier. Elle est traversée par des cheminements transversaux, générant des espaces publics – jardins, jeux, belvédères – et accueillant les eaux de pluies dans des zones tampon, qu’on appelle noues paysagères. L’ensemble forme un réseau viaire d’est en ouest, le long des courbes de niveaux. Ce maillage permet un cheminement accessible aux Personnes à mobilité réduites malgré la pente, tout en créant des liens à l’intérieur du quartier et pour ceux qui le traversent. 

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