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Environnement et transitions du centre reconstruit : compte-rendu du café-débat #3

21/03/2024

Environnement et transitions du centre reconstruit : compte-rendu du café-débat #3

Dans le cadre du projet de renouvellement urbain du centre reconstruit de Brest, Siamorphose, un nouveau temps d’échange avec les habitants s’est tenue le 14 mars, sous la forme d’un café-débat, autour du sujet : « Environnement et transitions du centre reconstruit ». Ou comment intégrer les transitions écologiques dans la rénovation des îlots du centre-ville reconstruit. Au cœur des débats, la rénovation de l’habitat, la nature et la biodiversité en ville, la gestion des eaux pluviales et l’attractivité du centre reconstruit. Des sujets qui ont suscité différentes réactions et des pistes de réflexion chez les participants venus en nombre.

Pour rappel, le projet Siamorphose a pour objet d’expérimenter la rénovation de deux îlots urbains « démonstrateurs » dans le but de créer un modèle de rénovation des bâtiments soutenable, réplicable au reste du quartier et au-delà. En incitant les propriétaires à s’engager chacun à leur niveau et avec le soutien des acteurs publics, ce projet contribuera à la transformation du centre-ville reconstruit de Brest. Cette concertation citoyenne a pour objectif affiché de sensibiliser les habitants et propriétaires aux enjeux du réaménagement en tenant compte des transitions environnementales et écologiques. Une concertation d’autant plus indispensable que la configuration de ces îlots est complexe, car constitués de nombreuses copropriétés, avec chacune ses spécificités.

Comment réussir la rénovation énergétique ?

Deux intervenants ont permis d’apporter leurs regards d’experts et des éléments d’information pour orienter les débats. La soirée a débuté avec Simon Davies, directeur d’AIA environnement à Nantes, qui a proposé un quiz, ludique et pédagogique, pour sensibiliser les participants aux enjeux environnementaux. On y a appris, par exemple, qu’en raison du réchauffement climatique, le climat de Brest en 2100 sera proche de celui de Vigo, en Galice (Espagne). Cependant, Brest fait partie des 1% des villes les moins exposées aux aléas climatiques.

La loi climat et résilience du 22 août 2021 a également été abordée avec ses conséquences pour les propriétaires brestois. En l’état actuel, un logement du centre-ville sur trois ne serait plus autorisé à être loué, en 2034. Après le gel des loyers pour les passoires thermiques (classe G et F), il sera interdit, dès 2025, de mettre en location les logements mal isolés de classe G, puis, en 2028, les logements classés F, et en 2034 les classés E. « La rénovation énergétique est devenue nécessaire si on veut louer. Cela passe notamment par l’isolation thermique », a prévenu l’expert. « Il est indispensable de réduire sa consommation, grâce notamment à une isolation efficiente. Dans la mesure du possible, la connexion au réseau de chaleur est à privilégier ou à une source de production à l’échelle d’un îlot. » Choisir les bons matériaux aide aussi à préserver la planète, sur le plan écologique et sociétal. La rénovation à partir de matériaux locaux, biosourcés, géosourcés, réemployés, permet notamment de nouvelles constructions légères et bas carbone, tout en contribuant à développer l’économie locale et solidaire.

La mobilité : une transition en douceur

Liées aux transitions, les mobilités douces ont été discutées ainsi que le partage de l’espace public. Si les habitants du centre reconstruit ont reconnu les effets positifs du vélo et de la marche dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, certains ont estimé qu’il était de plus en plus compliqué de circuler en tant que piéton car cyclistes et trottinettes roulent aussi sur les trottoirs. Ils ont suggéré une amélioration du traçage afin que chacun puisse profiter sereinement de l’espace public.

Le projet de transformation des îlots du centre-ville reconstruit a permis de soulever la question du stationnement. L’un des participants propose « d’augmenter le nombre de places dans les parkings communautaires, en construisant plusieurs niveaux ». Favorables aux mobilités douces, la grande majorité des habitants possèdent néanmoins une voiture, qu’ils utilisent pour aller travailler ou faire leurs courses : « Comment faire ses courses à vélo quand on est une famille de 5 personnes ? » a lancé la responsable d’un syndic de copropriété pour justifier l’utilisation de la voiture. Pour Ludivine Carlier, responsable du service fabrique de la ville à Brest Métropole, il n’est pas question d’opposer les modes de vie de chacun.  Vélo, vélo cargo, trottinette et voiture peuvent coexister au sein d’un même foyer. BMa, consciente des problématiques de stationnement assure qu’« Une enquête est  en cours pour connaître l’usage des garages dans les îlots ». « Il est donc indispensable d’entendre les habitants ; cela permet d’élaborer des pistes de travail. Il y a beaucoup de copropriétés, donc c’est important de susciter l’adhésion au projet. »

Pour développer la végétalisation, les idées fleurissent !

S’il est bien un sujet sur lequel tout le monde semblait s’accorder, c’est celui de la végétalisation. « C’est important d’entretenir la biodiversité, mais aussi de créer des îlots de fraîcheur pour parer à la hausse des températures, favoriser le bien-être des habitants et l’attractivité du centre-ville », a commenté l’un des participants. Dans le même esprit, un homme a cité l’exemple de la PAM, dans laquelle une rue intérieure végétalisée, agrémentée d’une verrière, a été créée au rez-de-chaussée. Sa voisine a renchéri : « La Ville pourrait inciter à la végétalisation, à créer des axes de tranquillité, pour davantage de vivabilité ». Pour ceux qui le souhaiteraient, il est d’ailleurs possible de demander à la Ville d’enlever un bout de bitume devant chez soi et de planter des végétaux, sous certaines conditions. Une démarche participative « Des fleurs dans ma rue » a lieu chaque année au printemps. Il suffit d’adresser à la mairie une demande de permis pour fleurir son pas de porte ou sa rue.

Les échanges se sont animés et les idées ont continué de fleurir. Tandis qu’un habitant du bas de Siam souhaiterait voir davantage de végétalisation sur la ligne de tramway, un autre s’interrogeait sur la possibilité de faire appel d’ores et déjà à BMa dans le cadre d’un projet de surélévation d’un immeuble de l’îlot Colbert, avec un toit végétalisé.

Vers une meilleure gestion des eaux pluviales et ménagères

Le débat s’est ensuite orienté vers la gestion des eaux pluviales et de son optimisation, une priorité pour lutter contre le réchauffement climatique. D’autant plus que les îlots du centre-ville de Brest ont été reconstruits sur une dalle imperméable. « Il est nécessaire de s’adapter aux changements climatiques. Plus on urbanise, plus on subit du ruissellement. Il faut donc dé-imperméabiliser des surfaces minérales dans le centre-ville reconstruit », a souligné Nicolas Floch, responsable de la division des eaux pluviales et ingénierie de l’environnement de Brest métropole. Différentes solutions existent pour une meilleure gestion de l’eau : toitures végétalisées, espaces de récupération des eaux de pluie, espaces verts en creux, cuves, bassins, sols pavés perméables. « Chaque îlot a une géométrie variable et donc des potentiels différents ».

En parallèle, l’expert préconise de réduire les volumes d’eau déversés dans la Penfeld, grâce entre autres à une meilleure gestion des eaux ménagères. Celles-ci peuvent être recyclées et servir aux plantations, par exemple. « Il faut déconstruire le rapport à l’eau et au tout-à-l’égout. Mais les transitions prennent du temps », concluait Nicolas Floch.