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Les Capucins : une ingénieuse reconversion #2

19/04/2021

Les Capucins : une ingénieuse reconversion #2

16 hectares au cœur de Brest rendus à la ville : l’ancien site de construction navale des Capucins s’est transformé en un étonnant éco-quartier disposé en terrasses, surplombant la rade et la Penfeld. Ré habilitation et reconversion des gigantesques Ateliers, construction de plus de 770 logements variés, mise en valeur des belvédères et des jardins, création d’équipements culturels, de commerces, de bureaux, co-working et participation des habitants, le tout relié par le téléphérique… La vie jaillit de ce nouveau quartier, résultat d’un vaste programme d’aménagement porté comme un triple défi à la fois architectural, patrimonial et humain. 

2 .  Les Ateliers : un patrimoine inestimable préservé

Cœur ouvrier et militaire de la ville, les Ateliers des Capucins imposent une nouvelle centralité à Brest et révèlent un héritage historique, patrimonial et social précieux. La réhabilitation du site et sa reconversion en place de vie et de culture sont une réussite toujours en cours d’écriture.

Pendant plus d’un siècle et demi, les Ateliers de l’Arsenal sur le site des Capucins à Brest ont fait résonner les grandes nefs de ce bâtiment majestueux. Poussières et limailles métalliques, bruits assourdissants, odeurs chaudes : ici se fabriquaient les arbres d’hélice, les safrans, ou encore les moteurs de la Marine nationale. Site ouvrier et populaire, les Capucins ont accueilli jusqu’à 1 800 travailleurs à la fin du XIXe, 600 dans les années 1980. Son histoire est aussi celle de Brest, de son lien étroit avec la mer. C’est à la fin du XVIIe siècle que les Frères mineurs Capucins, installés à Recouvrance, obtiennent l’autorisation d’y construire un couvent et une église, sous l’égide de Vauban. Après la Révolution, les bâtiments sont transférés à la Marine pour être transformés en caserne. Les Capucins lèguent leur nom au site, mais c’est bien la Marine qui mène un chantier titanesque pour ériger des ateliers aux dimensions hors normes : l’ensemble couvre 2,5 hectares et se compose de trois vastes halles parallèles de plus de 16 mètres de large et d’une longueur de 160 mètres, reliées par des annexes. Le bâtiment comprend des activités de fonderie, chaudronnerie, petit et grand usinage, ateliers de montage, d’ajustage et d’électricité, nécessaires à la construction des machines propulsives. Victimes des bombardements destructeurs de la Seconde Guerre mondiale, les Ateliers sont reconstruits à l’identique. On y répare et construit les navires de la Marine nationale jusqu’en 2004. Le site est finalement cédé à BMa en 2011 qui lance le projet de réhabilitation des Capucins sur cet ancien terrain militaire, cette « cité interdite » mal connue et chargée d’Histoire. 

Rénover pour révéler

Conserver l’espace pour y installer des activités futures qui restent encore à définir, un projet à co-construire : voilà la problématique principale pour les urbanistes et architectes du projet. « Au cœur du nouveau quartier, ce bâtiment emblématique comportait tout ce qui fait rêver les architectes, s’amuse Bruno Fortier, urbaniste en charge de la programmation du projet, des murs de pierre de 1,5 mètre de large, 200 fenêtres allant jusqu’à 19 mètres de haut, un volume de cathédrale. » Bruno Fortier s’attache à « réhabiliter l’enveloppe, rénover la structure originale dans laquelle viendront se glisser des ouvrages intérieurs », en groupement le cabinet d’architectes brestois L’Atelier de l’Île. Ainsi, les gigantesques nefs de pierre sont préservées et les grandes menuiseries en aciers sont reconstruites, offrant des vues traversantes. Pour prolonger l’âme industrielle du lieu, les murs extérieurs et les principales charpentes métalliques sont conservés et rénovés, tandis que l’on créé de nouveaux planchers en béton et bois, dont une passerelle rajoutée à mi-niveau, « comme un balcon sur la place publique centrale, la Place des Machines». Enfin, la toiture est remplacée par un complexe d’étanchéité isolant traversé par des verrières en profil d’aluminium et équipée de panneaux photovoltaïques. « Il nous a paru important de respecter le plissé et la volumétrie originels », précise Bruno Fortier. 

Habiter pour partager

25 000 m² ouverts à toutes les envies : les Ateliers des Capucins sont devenus la figure de proue d’une ville en plein développement. Les nefs inondées de lumière accueillent l’une des plus belles médiathèques de France, signée de l’Atelier Canal, rejointes par « Climb up » une salle d’escalade, « Illucity » un espace de réalité virtuelle, une brasserie « En bières inconnues », la grande librairie brestoise qui y ouvre « Les Curiosités de Dialogues », un restaurant « La Fabrik 1901 », un café – torréfaction « la brulerie du Léon », une boutique « Lalibee créations », des espaces de coworking « Le village by CA », « We Art Minds » et la « French Tech Brest+ », mais aussi des machines et objets témoins du passé du site, des salles d’expositions et un auditorium, et très prochainement le Pôle d’excellences maritimes 70.8, un cinéma, le Fourneau (centre national des arts de la rue).

Le Canot de l’Empereur, utilisé par Napoléon III lors de sa visite à Brest, trône sur la Place des Machines, espace central de 10 000 m² conçu pour accueillir de grands événements. Véritable place publique, on vient y flâner, danser, organiser un goûter d’anniversaire, tenter quelques tricks en skate ou trottinette, siroter son café ou son thé, au milieu des anciens équipements industriels : le marbre, plateforme d’acier qui recevait le tracé des pièces à usiner, un tour d’usinage des lignes d’arbre porte-hélices de la Jeanne d’Arc, une raboteuse, des aléseuses… Les Ateliers ont relevé le défi : devenir le phare du nouveau quartier des Capucins, s’imposer comme point de convergence de tous les publics, jeter un nouveau pont entre Recouvrance et le centre-ville de Brest.