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Ecole de Gouesnou : la concertation au cœur de la maîtrise des usages

25/03/2022

Ecole de Gouesnou : la concertation au cœur de la maîtrise des usages

Pour ancrer au mieux ses projets dans leur environnement, BMa prône la concertation et la démarche participative, des outils précieux pour associer les experts, les habitants et les usagers. Illustration avec le groupe scolaire de Gouesnou, dont la première pierre a été posée à la rentrée dernière et dont l’équipe lauréate comptait en ses rangs un sociologue, Stéphane Chevrier, de l’agence MANA. Il nous explique son rôle en amont et sa valeur ajoutée, qui va s’exercer bien après la livraison du groupe scolaire.

Créée en 2001, votre agence MANA associe sociologie et communication. C’est-à-dire ?

L’ordre des mots a son importance. MANA est en effet d’abord une agence de sociologie. C’est mon métier ­­ – on peut dire que la sociologie se définit par la compréhension de l’humain placé dans des groupes sociaux et une société en général – et j’interviens à ce titre. Sauf qu’à la différence d’un sociologue « classique », davantage un « analyste » à la façon d’un universitaire par exemple, je suis très attentif à proposer des documents de communication faciles à s’approprier pour les publics visés. L’enjeu est donc double : être dans l’analyse et passer des messages. Pour ce faire, je pars toujours d’un principe : ce sont toujours les usagers qui ont la compétence, c’est-à-dire des connaissances et une expertise d’usage. Ainsi, les démarches participatives visent avant tout à mobiliser ces compétences au service du projet pensé par l’architecte, projet qui peut donc être amélioré.

Dans le cas présent, vous avez passé une audition comme les autres candidats. Quelle était votre valeur ajoutée ?

La maîtrise d’ouvrage – BMa et la Ville de Gouesnou – a choisi sur dossier trois équipes, des groupements d’entreprises qui peuvent associer un ou plusieurs architectes, une entreprise de construction, des métiers techniques et parfois des sociologues. Des professionnels issus des sciences humaines et sociales intègrent en effet de plus en plus ces groupements. Et je faisais partie de l’équipe retenue lauréate.

Quelle est ma valeur ajoutée ? Dès le lancement de projet, mon travail en tant que sociologue était de rappeler la diversité des usagers et donc des usages. C’est un groupe scolaire mais aussi un équipement ouvert sur la ville. La cour de récréation sera accessible aux riverains en dehors des heures de cours, tout comme la salle plurivalente et la salle de motricité pour les habitants de la ville. D’entrée, il fallait donc composer avec de nombreux usagers aux profils différents – parents, personnels administratifs, associations… – avec un enjeu d’importance : concevoir des espaces qui permettent à chacun de s’y sentir à l’aise et de limiter les conflits d’usages.

Sur ce projet, la concertation avec les usagers s’est déroulée une fois le lauréat, et son projet, distingués. Quelle est alors la marge de corrections ? Leur implication ?

Dès lors que le projet a été lauréat, une enveloppe financière, mais aussi des partis pris architecturaux et des choix techniques, ont été validés. La participation s’est glissée dans un second temps, car, in fine, ce sont les petits détails d’usage qui vont parfaire toute la qualité du bâtiment. D’où plusieurs ateliers mis sur pied avec des rencontres, qu’il s’agisse des parents d’élèves, des enseignants, des personnels, ATSEM ou travaillant dans les cuisines… Autant de personnes avec lesquelles, sur plan, nous avons travaillé des scénarios d’usages : « Je rentre par telle porte, je vais me changer ici… » On voit alors, via ces déroulements de parcours, ce qui doit être revu : déplacer des sanitaires, revoir une salle de repos trop petite ou la localisation d’une autre, voire des transformations dans les aménagements d’espaces. Je pense par exemple à ce que les personnels de restauration nous ont très vite signifié : le parcours pour décharger les marchandises pour la cantine était beaucoup trop long avec des croisements de personnels qui allaient gêner. On en a tenu compte et revu le plan.

Et votre rôle ne va pas s’arrêter puisque, le temps de laisser le Groupe scolaire vivre, vous interviendrez à nouveau. À quelle fin ?

Cela s’inscrit dans le cadre du contrat global de performance. Un niveau de performance énergétique doit en effet être garanti, ce qui veut dire que les résultats doivent être au rendez-vous. D’où l’intérêt de regarder les usages et toute dérive de consommation. Si les usagers laissent les fenêtres ouvertes, la performance ne sera pas au rendez-vous.

L’enjeu sera donc de bien comprendre comment fonctionne l’établissement, comment il est « pratiqué » au quotidien. Le temps qu’il trouve son rythme de croisière et je reviendrai alors, chiffres à l’appui, sur la base des relevés des capteurs mis en place par les ingénieurs, sensibiliser les usagers, enfants et personnels, aux enjeux de l’énergie. Une surconsommation ici ? Est-ce le fait d’une défaillance technique ou le résultat d’usages ? On verra. Quoi qu’il en soit, il s’agira alors de s’adresser à des publics différents de manière distincte. Le but est en effet d’éviter le message « descendant ». Nous mettrons en place de nouveaux ateliers afin de construire, avec les usagers, des messages adaptés aux différentes cibles.