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Éco-quartier des Capucins : les enjeux d’une énergie durable

29/11/2022

Éco-quartier des Capucins : les enjeux d’une énergie durable

Ancien berceau de l’industrie navale, le quartier des Capucins, d’une taille de seize hectares au cœur de la ville de Brest, offre un nouveau souffle à la rive droite. Vitrine dans le domaine des énergies renouvelables, l’éco-quartier bénéficie depuis une dizaine d’années d’une technologie et d’une approche innovantes en termes de consommation énergétique.

Après une longue carrière militaire, le site des Capucins est cédé en 2011 à BMa, qui lance alors le projet de réhabilitation et de reconversion de cet énorme plateau au cœur de Brest. La sélection des matériaux, la conception architecturale et les choix programmatiques traduisent la volonté forte de réduire l’empreinte écologique et de favoriser l’épanouissement des habitants, des entreprises implantées sur le site et des visiteurs. « Nous demandons notamment aux promoteurs de certifier leurs bâtiments HGE Bâtiment Durable. C’est-à-dire de proposer un bâtiment qui intègre des critères d’exigence environnementaux dès le projet de construction ou de réhabilitation », explique Christophe Billant, responsable de l’aménagement du quartier des Capucins chez BMa.

Un éco-quartier toujours plus responsable

Dessiné par l’architecte Bruno Fortier « qui travaille beaucoup sur des lignes épurées et qui a un style très minéral », l’ancien site de construction navale des Capucins est réhabilité en éco-quartier. Lorsqu’elles s’engagent dans des projets d’aménagement urbain durables qui répondent aux besoins des habitants, les collectivités peuvent effectuer une demande de labellisation. Ce label n’est pas une norme, mais il permet aux collectivités de connaître le niveau d’ambition porté par leur opération d’aménagement, par rapport à des enjeux globaux de développement durable. La labellisation éco-quartier comporte quatre étapes, correspondant aux différents stades du projet et mesurant la tenue des engagements des collectivités. Le label de phase 1 est obtenu lors de la signature de la charte « ÉcoQuartier » par les élus et leurs partenaires ; le label de phase 2 est décerné lors des engagements du chantier, une étape évaluée par la Commission nationale ÉcoQuartier après expertise. Actuellement, l’écoquartier des Capucins est labellisé de phase 3, un niveau lui aussi expertisé. « On espère la labellisation de phase 4 d’ici 7 ou 8 ans », indique Christophe Billant. Ce niveau de labellisation est obtenu après plusieurs années de vie du quartier : la collectivité mesure alors la tenue de ses engagements dans le temps, et l’appropriation par les usagers du quartier. Par ailleurs, elle présente également la façon dont les pratiques d’aménagement ont évolué au sein de la collectivité, au-delà du périmètre opérationnel du quartier. Cette étape, validée par la commission nationale, s’appuie sur la mise en place d’une démarche d’auto-évaluation associant les habitants et usagers du territoire, et tournée vers l’amélioration continue (à l’échelle du projet, et dans les pratiques au-delà, sur le territoire de compétence de la collectivité).

Les enjeux énergétiques au cœur de la technologie

L’éco-quartier des Capucins a pour vocation d’être exemplaire en termes de consommation énergétique. « Le plateau est connecté au réseau urbain pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, indique Ronan Jouan, responsable du projet des Ateliers des Capucins chez BMa. L’eau du réseau de chauffage urbain du plateau des Capucins – logements, Ateliers, bureaux et commerces – est en effet chauffée grâce à la chaleur issue de l’usine d’incinération des ordures ménagères du Spernot. » Cette Unité de valorisation énergétique des déchets (UVED) produit 70% des besoins du quartier. La chaufferie bois, construite sur le même site au Spernot en 2015, complète la production de chaleur à hauteur de 20%. Enfin, les chaufferies d’appoint au gaz, installées sur le parcours du réseau, produisent les 10% restants. L’utilisation de chaleur d’origine renouvelable et de récupération, tel que le réseau de chaleur qui chauffe les Capucins constitue un premier levier de substitution des énergies d’origine fossile. C’est un véritable parti pris dans la construction de ce nouveau quartier. « Nous avons demandé aux promoteurs de se servir de ce mode de chauffage et de production d’eau chaude dans tous les bâtiments. Ce qui était au départ une contrainte est devenu un atout de vente, aussi bien pour l’aspect écologique qu’économique », souligne Christophe Billant.

Le site mise également sur l’énergie solaire, avec deux centrales photovoltaïques de 100 kWc chacune, dont l’une est destinée à assurer l’autoconsommation et la fourniture partielle d’électricité du site, « l’équivalent de dix maisons en termes de consommation », estime Ronan Jouan. Ces panneaux photovoltaïques ont été installés sur les toits des Ateliers des Capucins, sur une surface totale de deux fois 700 m² de panneaux. La première centrale, installée sur les toits de la Place des Machines, est équipée d’un smartgrid, réseau intelligent qui procure, grâce à la collecte des données, une vision optimale de la consommation électrique sur le réseau. Des capteurs installés le long du réseau d’électricité permettent également de détecter une panne ou perte d’électricité. Dépendant de paramètres variables, la consommation électrique est analysée en continu par les smartgrids afin de savoir quels leviers utiliser pour adapter la production aux besoins réels en électricité, ou inversement la consommation en fonction des niveaux de production, notamment pour celle des énergies intermittentes. Ainsi, cette centrale permet une autoconsommation et pourvoit 12% des besoins annuels du site. « Lorsque la production sera en plein rendement, le surplus éventuel d’énergie sera redistribué vers le tableau général basse tension du futur cinéma », explique Ronan Jouan. Et lorsque la production sera trop faible, Enedis couvrira le déficit. La seconde centrale, installée sur le toit de la médiathèque, approvisionne, quant à elle, le réseau public. Ces installations permettent de rationaliser la dépense énergétique en évitant les déperditions au cours du transport entre lieu de production et lieu d’utilisation. « L’éclairage du site est également optimisé grâce à des leds », complète Ronan Jouan.

Le choix d’une mobilité douce durable

Lors de l’élaboration des cahiers des charges de l’éco-quartier, les mobilités douces ont été privilégiées comme mode de déplacement. « Les parkings souterrains des logements du plateau sont précablés pour pouvoir être équipés de bornes servant à la recharge des véhicules électriques », souligne Christophe Billant. Des locaux à vélos ont également été mis en place et le quartier est bien desservi par le réseau de transport urbain Bibus (bus et tramway). Le téléphérique est notamment un moyen de locomotion pratique permettant de lier les deux rives de la Penfeld rapidement et écologiquement. Cet appareil ouvre un nouvel accès au quartier des Capucins. Contrairement à d’autres modes de transport, le téléphérique a des effets minimes sur l’environnement. 10 g de CO2 seulement sont générés par kilomètre et par passager. Une particularité majeure de cette installation est présente au niveau de la partie électrique. En effet, il est possible de récupérer jusqu’à 80 % de l’énergie consommée en une course grâce à un onduleur qui transforme le courant continu en courant alternatif. Des batteries dites de super-capacité ont été insérées dans le bus continu. Lors des phases de descente des cabines et de freinage, les batteries se chargent et lorsque les cabines montent, les batteries restituent le courant ainsi économisé.