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Technopôle : Gerfaut 29 nous éclaire sur les bunkers mis au jour pendant les travaux

13/09/2022

Technopôle : Gerfaut 29 nous éclaire sur les bunkers mis au jour pendant les travaux

Suite à la mise au jour de trois imposants blockhaus lors des travaux de terrassement de l’extension du Technopôle Brest Iroise (site du Vernis), BMa avait donné accès au chantier à l’association Gerfaut 29. De quoi faire de nouvelles découvertes ? Christian Moignez, Président de l’association et passionné par les bunkers depuis ses 10 ans, fait le point.

Quelle mission s’est donné l’association Gerfaut 29 depuis sa création en 2012 ?

Nous recensons sur le Finistère toutes les constructions de fortifications allemandes, mais aussi françaises. Nous œuvrons pour la préservation et la mise en valeur des ouvrages qui en valent la peine, du point de vue de leur conservation mais aussi historique. Nous nous intéressons de près à ce qu’était la forteresse de Brest pendant la seconde guerre mondiale.

Qu’avez-vous découvert au cours de cette visite sur le site, le 16 janvier dernier ?

Nous connaissons bien ce type de bunkers, très présents sur notre territoire, nous possédons leurs plans types. Il faut ainsi savoir que chaque bunker allemand a un numéro de type. La nomenclature allemande en comporte pas moins de 750 différents, chiffre non exhaustif ! Nous rencontrons ici trois types différents : un « R114a neu » avec des murs de béton de 3,50 m d’épaisseur, un « R634 » et un « R601 », avec des murs de béton de 2 m d’épaisseur. Les deux premiers avaient la même fonction de défense, avec leur cloche blindée pour deux mitrailleuses. Le troisième est un garage avec toit blindé pour un canon anti-char.

Le fait que le commandement allemand estime que certains bunkers soient plus exposés aux tirs adverses, dans le cas présent le « R634 » et le « R114a neu », a conduit au renforcement de leur protection par une ceinture de 1,50 m de béton sur 3 côtés ! Ceinture dont nous n’avions encore nulle connaissance : c’est la découverte de notre investigation.

L’intérêt de visiter ces ouvrages est donc d’y déceler des différences de construction par rapport au plan type ­ — avec des modifications importantes apportées en raison de la topologie, de la nature du terrain et d’exigences stratégiques — mais aussi d’y découvrir les marquages réglementaires, des calculs de quantités de munitions et parfois, des décors peints sur les murs par des artistes très doués !

Sans oublier des étuis et filtres de masques à gaz, des filtres de ventilation de l’ouvrage dans un état d’oxydation très avancé, ou encore ce qui restait des gaines métalliques souples pour l’évacuation des étuis vides générés par le tir des mitrailleuses…

De quoi confirmer que la zone était alors très militarisée…

Non seulement le site du Vernis disposait d’une batterie anti-aérienne lourde pour la défense rapprochée de la base sous-marine, mais elle était aussi dotée de 13 bunkers, sans compter ceux qui ont été construits dans l’enceinte du fort du Portzic. Nous sommes ici sur trois des plus rapprochés de la ligne de défense principale de la forteresse de Brest. Dans les années 90, ils étaient encore visibles avant d’être ré-enterrés par l’agriculteur exploitant le terrain sur lequel ils se trouvent. La terre a été ici de nouveau enlevée et BMa a excavé le pourtour pour qu’ils apparaissent bien. Cela nous a permis de pénétrer plus facilement à l’intérieur, après avoir évacué partiellement la terre devant les entrées, jusqu’à deux ou trois mètres de profondeur.

Précisons que ce secteur ayant été abondamment bombardé et ayant fait l’objet de combats intenses, la présence d’engins dangereux est encore possible. On en trouve encore de temps en temps lors de travaux sur le territoire de la métropole brestoise. Aussi, l’accès à ces ouvrages reste dangereux et strictement interdit au public. À ce titre, nous remercions BMa qui nous a donné l’autorisation nécessaire pour pouvoir effectuer cette visite en tout sécurité.