La nature et les arbres au cœur d’un projet urbain

Majestueux, centenaires pour certains, parfois boursouflés mais foisonnants : les arbres des Prairies du Vern dans le quartier de la Fontaine Margot à Brest, sont l’objet de toutes les attentions. Entretien, soins, mise en valeur : ils sont travaillés par des spécialistes pour mieux révéler leur splendeur et leur utilité. Assistant à maîtrise d’ouvrage de BMa sur les Prairies du Vern, Fabien Mahé d’Onésime Paysage a conduit la réflexion et la démarche participative sur l’entretien des arbres.

Comment avez-vous organisé le travail autour des arbres ?

Fabien Mahé : Le point de départ a été la fontaine Margot, réservoir d’eau potable d’une grande partie de Brest avant-guerre, laissée en friche depuis des années. Elle comprend un bâtiment et un mur d’enceinte qui croulent sous la végétation, ce qui tend à les dégrader et les fragiliser, sans compter l’accès devenu très difficile. Certains arbres ont été abattus pour dégager le site, troncs pesant sur la structure, frênes imposant une poussée racinaire ; d’autres ont été préservés, avec débroussaillage et élagage. Nous avons ainsi sécurisé le site et dégagé un peu de soleil pour les jardins partagés voisins. Ensuite, nous avons mis en sécurité le tracé d’un cheminement piéton en platelage, en coupant les branches susceptibles de casser et les arbres susceptibles de tomber.

Comment identifiez-vous les arbres à couper, quels choix de tailles, d’essences, de formes ?

Je suis paysagiste de formation avec une compétence de forestier, j’utilise mon savoir-faire pour repérer certaines fragilités sur les arbres, identifier les problématiques afin de bâtir un cahier des charges. Par exemple, en accord avec les riverains, les services de Brest métropole gestionnaires des Prairies du Vern et l’agriculteur usager du site, une dizaine de chênes centenaires « trognes » ont été éloignés des cheminements piétons futurs pour leur bonne préservation. Nous avons travaillé sur les talus boisés pour montrer le paysage de part et d’autre du chemin : des ouvertures sur trois groupes d’arbres remarquables (talus bocagers de chênes, chêne isolé et chênes trognes), avec à terme une signalétique explicative. L’idée est de dévoiler le paysage et particulièrement ses meilleurs atouts, tout en le protégeant. Et nous avons adapté les types de tailles : créer de la transparence à travers les saules vers les parcelles, laisser d’autres parties plus refermées et denses afin de créer un rythme, des séquences et des paysages variés. Nous collaborons avec des spécialistes de l’arbre comme Arbre-Eco qui interviennent très finement, branche par branche.

Une fois coupé, que faites-vous du bois ?

Il a été décidé de garder en grande partie la matière sur le site pour la réutiliser. Créer un cheminement vers la fontaine, donner des copeaux aux jardiniers des jardins partagés, transformer les troncs en bancs, utiliser certains arbres comme nids à insectes, enrichir le sol, créer des barrières avec les branches coupées pour protéger les pâturages… Les utilisations sont nombreuses ! Ce choix rejoint notre façon de travailler : observer l’existant pour l’optimiser tout en respectant les arbres et le paysage. Une intervention la plus naturelle possible…

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