Point info Métamorphose

09/12/2025

Point info Métamorphose

La Métamorphose entamée par Océanopolis en 2023 est la plus grande étape de transformation entreprise par le Centre national de culture scientifique dédié à l’Océan depuis son extension en 2000 avec la création des Pavillons Tropical et Polaire. Après l’inauguration de la Cité des Océanautes, nouveau pavillon dédié au jeune public, en juillet 2024 et celle du nouveau bâtiment accueil-boutique en septembre 2024 ainsi que la création de jardins d’intérêt botanique, Océanopolis est entré dans la seconde phase de ce grand projet avec la rénovation des Pavillons Tropical et Austral (anciennement Polaire).

Une réouverture en deux temps
 » Métamorphose est le projet le plus ambitieux porté par Océanopolis depuis ses 35 années d’existence. Il s’agit de la rénovation complète et complexe d’espaces d’exposition qui avaient ouvert leurs portes en 2000. Ces derniers mois, les Pavillons Tropical et Austral ont fait face à des aléas techniques importants qui ont nécessité un traitement en profondeur pour apporter des réponses pérennes pour l’avenir. Devant l’importance de ces travaux et l’aspect spectaculaire et inédit de chaque étape, leur ouverture pourra être réalisée, si nécessaire, en deux temps. Le Pavillon Tropical devrait ouvrir ses portes aux visiteurs pour l’été 2026 et le Pavillon Austral pour l’automne 2026. »  Nathalie Péron-Lecorps, Directrice d’Océanopolis

Réouverture du Pavillon Tropical pour l’été 2026.
Réouverture du Pavillon Austral pour l’automne 2026.

Aujourd’hui, les visiteurs d’Océanopolis découvrent trois zones de visite : le Pavillon Bretagne, le Sentier des loutres ainsi que la Cité des Océanautes. La programmation des animations proposées hors et en périodes de vacances scolaires est sans cesse enrichie et renouvelée.

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De nouveaux aquariums, un renforcement de l’approche écosystémique.
L’un des objectifs d’Océanopolis, à travers sa Métamorphose, est de renforcer l’approche écosystémique de la présentation du vivant dans les aquariums. L’approche écosystémique consiste à concevoir et présenter la faune et la flore d’un aquarium comme un système interdépendant, un écosystème complet, et non une simple collection d’espèces. « Présenter un aquarium selon une approche écosystémique revient à montrer comment le vivant fonctionne ensemble. L’objectif est de montrer le fonctionnement d’un écosystème, pas seulement sa biodiversité. » explique Dominique Barthelemy, Conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis.

L’équipe du milieu vivant porte son attention sur :
– Les interactions écologiques : les relations entre les proies et les prédateurs, les
relations symbiotiques, la compétition entre les espèces, etc.
– Les conditions abiotiques : la lumière, la température et la salinité de l’eau de mer, le
type de substrat ou encore les mouvements d’eau reproduits de manière fidèle pour
reproduire au mieux l’habitat naturel.
-Les processus dynamiques : les cycles nutritifs, la dynamique des populations
d’espèces présentes, le fonctionnement global du milieu.
– La dimension fonctionnelle : le rôle que joue chaque organisme : les espèces filtreuses, les prédateurs, les ingénieurs d’écosystème, etc.

Au-delà de recréer des écosystèmes complets, l’objectif est aussi d’émerveiller pour mieux sensibiliser et transmettre les connaissances marines. Les aquariums offrent de véritables opportunités de médiation scientifique, en permettant d’aborder les relations écologiques (symbioses, compétition, etc.), les enjeux de conservation ou encore les menaces environnementales. Au cœur du Pavillon Tropical, cette approche se caractérise par une présentation plus fine des écosystèmes coralliens et de leurs peuplements, notamment en fonction des différentes profondeurs évoquées. Cette approche est novatrice, les récifs coralliens étant généralement présentés comme une entité globale.

Trois nouveaux aquariums symbolisent particulièrement cette approche.
Le lagon présente un environnement très peu profond, baigné de lumière. Les coraux y vivent en symbiose avec des algues zooxanthelles qui leurs fournissent une large proportion de leur alimentation via la photosynthèse. Plusieurs dizaines de bénitiers pourront aussi y être observés. Ces mollusques bivalves géants sont spectaculaires en raison de leur taille et de leurs manteaux aux couleurs chatoyantes. Eux aussi, hébergent des algues symbiotiques qui leur fournissent des nutriments indispensables. Cinq espèces différentes de bénitiers, dont certaines, très menacées dans leur environnement naturel, seront installées prochainement dans ce lagon. Les poissons qui peupleront ce lagon seront également des espèces spécifiques à ces environnements peu profonds. Ils vivront autour des coraux, au-dessus du sable, et auront la faculté de s’y cacher rapidement en cas de danger. 

Aujourd’hui, ce sont cinquante demoiselles (Chromis vanderbilti) qui ont été transférées pour marquer le début du peuplement de ce nouvel aquarium.

           

La vie en banc
Une nouvelle et impressionnante colonne de trois mètres de diamètre pour autant de hauteur, offrira au public une vision spectaculaire de la vie en banc, sur les fonds sableux, au pied de la barrière de corail. Dans cet espace inédit, les visiteurs découvriront des espèces rarement présentées en aquarium. À une vingtaine de mètres de profondeur, une colonie de plus de 200 anguilles jardinières (Heteroconger hassi) vit dans le sable. Ces poissons serpentiformes surprenants dressent la partie avant de leur corps au-dessus de leur terrier, face au courant, à l’affut du plancton dont elles se nourrissent. Un peu plus haut, autour des premiers massifs de coraux qui émergent du sable, des bancs de poissons-rasoirs (Aeoliscus strigatus) circulent la tête en bas. Ils sont, eux aussi, à la recherche de plancton dont ils se nourrissent. La roche qu’ils parcourent est parsemée de coraux. Des coraux aux couleurs vives (Tubastrea spp.) et des colonies de corail noir (Cirrhipathes spiralis) qui dressent leurs torsades spiralées dans le courant. Enfin, dans la colonne d’eau, un banc de plusieurs centaines d’anthias (Luzonichthys waitei) aux couleurs magenta et orange évolueront prochainement dans la lumière bleutée de ce nouvel espace.

           

Le récif mésophotique
Dans ce nouvel aquarium, la lumière est beaucoup plus tamisée. Il illustre la diversité et la richesse des récifs profonds mésophotiques (meso = moyen / photique = lumière). Ces environnements, à la limite de l’exploration en scaphandre autonome, à partir de 40 mètres et jusqu’à près de 200 mètres de profondeurs, sont restés longtemps méconnus de la communauté scientifique. Ils sont désormais de plus en plus étudiés. Les scientifiques s’interrogent notamment sur la capacité des coraux vivant à ces profondeurs à exploiter la faible lumière qui y parvient afin que leurs algues symbiotiques puissent réaliser la photosynthèse indispensable à leur survie.

« De nombreuses espèces sont découvertes très régulièrement dans ces milieux méconnus. Dans le contexte des menaces qui planent sur les récifs coralliens, l’étude des écosystèmes mésophotiques est essentielle. » explique Dominique Barthelemy, Conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis. 

Les visiteurs d’Océanopolis observeront des coraux qui sont adaptés à ces conditions particulières. Certaines espèces prennent la forme de plateaux destinés à mieux tirer parti de la lumière. D’autres présentent des fluorescences qui ont aussi un rôle dans l’utilisation de cette lumière, source de vie. D’autres encore, se sont totalement passés de la lumière et de leur symbiose, et se nourrissent du plancton et de particules en suspension.

« Beaucoup d’espèces de poissons sont inféodées à ce milieu et à ces profondeurs. Les couleurs qu’ils révèlent dans la lumière bleutée, souvent empreintes de fluorescence, sont étonnantes et témoignent d’une forme de communication spécifique à ces écosystèmes. » Dominique Barthelemy, Conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis.

Les visiteurs d’Océanopolis observeront ici plusieurs espèces de barbiers comme Pseudanthias ventralis et Pyronanthias aurulentus rarement présentés en aquarium.

Nouveauté au cœur de la serre tropicale : le carbet scientifique
La dernière partie du parcours de visite du Pavillon Tropical d’Océanopolis accompagne le visiteur dans une immersion progressive des écosystèmes marins des Caraïbes, puis une promenade curieuse dans un univers foisonnant, inspiré de la forêt tropicale humide caraïbo-guyanaise.

« Dans ce monde enveloppant de verdure, les sens du visiteur sont sollicités comme jamais auparavant : la densité des sons, l’odeur de l’humus et des parfums végétaux, l’humidité chaude et ambiante recréent l’atmosphère stimulante d’une forêt où la biodiversité, souvent invisible, se devine plus qu’elle ne se voit. » explique Lionel Feuillassier, Responsable muséographie d’Océanopolis

C’est au cœur de cet écrin qu’apparaît, avec la Métamorphose d’Océanopolis, un tout nouveau dispositif scénographique : un carbet scientifique. Le carbet est à l’origine une structure traditionnelle amérindienne : un abri collectif en bois, ouvert ou semi-ouvert, largement répandu en Guyane et dans l’ensemble de la Caraïbe. En s’inspirant de cette architecture parfaitement adaptée aux conditions du climat tropical, le CNRS a implanté en Guyane, au cœur de la Réserve naturelle des Nouragues, une vaste station de recherche. Là-bas, les carbets jouent un rôle essentiel : ils accueillent les scientifiques, soutiennent la vie quotidienne en pleine forêt et servent de base logistique pour l’organisation des missions de terrain.

Le carbet scientifique d’Océanopolis transpose cette ambiance : charpente en bois apparente, toiture haute, espace ouvert sur une végétation dense, humidité fluctuante entre 80 et 100 %, température autour de 25 °C et lumière filtrée par l’épaisseur du couvert végétal. Dans ce carbet, le travail des scientifiques et l’écosystème se révèlent aux visiteurs par les sens, à travers une série de dispositifs immersifs.

À l’intérieur du carbet, une fresque monumentale, de plus de 5 mètres de hauteur et 4 mètres de largeur, représentent des espèces végétales qui s’étagent dans la forêt guyanaise. Cette composition met en lumière les différentes strates du couvert forestier, de la canopée au sous-bois. Au sein de cette fresque, les visiteurs découvriront dix vitrines présentant des maquettes de graines réalisées en cire par le plasticien Louis de Torhout. Ces œuvres mettent en lumière les multiples modes de reproduction et de dispersion des plantes, ainsi que les alliances subtiles entre végétal, animaux et évènements naturels (vent, eau, gravité, humidité) nécessaires à leur survie dans cet environnement compétitif. 

Autre nouveauté de cet espace, les visiteurs seront invités à participer à une sieste sonore en compagnie de David Wahl, auteur associé à Océanopolis, afin d’écouter un récit passionnant au sujet du paresseux, animal emblématique de la forêt tropicale.

« Ce récit audio conté révèle les étonnantes particularités du paresseux : sa relation unique avec des microalgues et des mites, son lien minimal au sol, son mode de vie suspendu et tout un ensemble d’anecdotes qui auront de quoi surprendre les visiteurs. » explique Lionel Feuillassier, Responsable muséographie d’Océanopolis.

Toujours au niveau du carbet, sera présenté un inventaire illustré des scientifiques du CNRS en action sur le terrain. Il témoigne de la diversité des métiers, des gestes et des outils de la recherche en forêt tropicale mais aussi de l’engagement nécessaire pour comprendre ces écosystèmes d’une richesse exceptionnelle. La visite de la serre tropicale se poursuivra ensuite par des découvertes auditives. Des dispositifs sonores directionnels ont été répartis au fil de la promenade. Les visiteurs pourront ainsi découvrir 15 enregistrements de biodiversité, capturés en Guyane par l’un des plus réputés audio-naturalistes, Fernand Deroussen.